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Photo du rédacteurRosanne Mielle Delaunay

J'ai mal à mon estime - ou comment gagner en estime de soi (part II)


Comme je l'ai dit dans le premier article, l'estime de soi se crée par l'expérience. Vous avez passé un certain nombre d'années à pratiquer la mauvaise estime de vous-même, mais aujourd'hui, vous pouvez en sortir par la rééducation à l'estime de soi.


Malheureusement, vous n'allez pas vous réveiller un beau jour et vous dire :

« Je m'aime, j'ai de la valeur à mes yeux. »

Cela demande une pratique assidue. La mauvaise estime de soi et la bonne estime de soi, c'est un cercle vicieux/vertueux. Tout ce que vous allez faire va pouvoir agir « pour » ou « contre » votre estime.



Développer l'estime

Voici les différentes étapes pour regagner en estime personnelle et participer à alimenter le cercle vertueux :


  • La première étape est : SE RECONNAÎTRE.


C’est-à-dire pouvoir poser un regard juste sur qui l'on est vraiment. Quelles sont mes qualités, mes capacités, pour quoi est-ce que je suis bon.ne ? Qu'est-ce qui me définit comme personne singulière ?

Ça n'est pas l'étape la plus facile, ni la plus rapide. Elle peut prendre du temps, elle est souvent un cheminement personnel ou chaque jour nous affinons notre regard.




→ Vous pouvez faire une liste de vos qualités, des trucs pour lesquels vous êtes fort dans tous les domaines (loisirs, activités, valeurs, compétences pratiques (culinaires, sportives, artistiques, intellectuelles, relationnelles, sociales, etc.). (Attention, je vous vois venir, pas besoin d'être le meilleur ou la meilleure, simplement d'y arriver.)


Variante : mettez-vous dans la peau de personnes que vous appréciez vraiment et qui vous apprécient tout autant. Qu'est-ce que ces personnes pourraient dire de vous en vous voyant ?


Variante 2 : Prenez une situation qui vous est arrivée dernièrement, même une qui n'était pas confortable. Analysez ce qui s'est passé, ce que vous avez dit, ce que ça révèle de vos valeurs, etc.


  • La deuxième étape, c'est de reconnaître SES ÉMOTIONS. Il s’agit de développer une écoute de soi et forcément, ça passe par l'écoute de nos émotions. L’idée est de comprendre et sentir les choses qui se passent en nous.


Comprendre émotions

Quand Sylvie me propose de venir manger chez elle, qu’est-ce que mon corps me dit ? Est-ce que c'est léger, pétillant, ouvert dans mon corps ? Ou est-ce que c'est lourd, ça tord, ça serre ? Alors oui, normalement j'aime bien aller chez Sylvie, mais aujourd'hui, de quoi ai-je vraiment envie, de quoi ai-je vraiment besoin ?


Le processus pour prendre une décision ne passe pas qu'au travers de la réflexion.


C'est aussi votre corps qui vous parle et vous vous devez de l'écouter pour être sûr.e de prendre la décision en parfaite adéquation avec vous (et pas avec l'autre, avec vous !).


Vous êtes à la recherche d'une maison, vous avez vos critères… Vous visitez une première habitation, c'est la maison qui possède tous vos critères sans exception ; quand vous entrez, vous vous sentez bien, mais il manque un truc… à l’intérieur… Vous visitez une seconde maison, elle n'a pas tous les critères, mais vous vous sentez vraiment bien dedans, il y a un pétillement à l'intérieur de vous sans que vous puissiez vraiment l'expliquer.


Laquelle allez-vous prendre ? Il y a fort à parier que ce sera la deuxième dans laquelle vous vous sentirez vraiment bien.




Ecouter émotions


Bref, nos émotions, nos sentiments sont ceux qui nous permettent d'être toujours sur la bonne voie, car c'est soi-même qu'on écoute. Ils sont un guide précieux, fidèle à notre vécu intérieur. C'est notre boussole qui nous permet de nous orienter dans l'espace et par rapport aux gens. Il n'y a jamais de réponse toute prête.


  • La troisième étape consiste à accepter de ressentir ses émotions et pratiquer la bienveillance : STOP au jugement et à la dévalorisation.


Respect soi

Notre petit vélo intérieur est très fort pour nous trouver tous les défauts du monde, souligner toutes les choses pour lesquelles on n’est pas encore suffisamment ça ou pas assez cela. On a des facilités à se dire « je suis con.ne », « je suis bête »… Mais les mots qu'on emploie pour se définir et parler de nos actions ont un pouvoir immense. À passer sa journée à se fustiger de vilains mots, on finit par les ancrer et leur donner davantage d'importance car tout ce qu'on se répète s'imprime.


Ça n'est pas facile de couper ses pensées automatiques de dévalorisation et de jugement, mais si, en parallèle, on commençait à être bienveillant envers soi ?


Être bienveillant, c'est commencer par reconnaître et accepter de ressentir certaines émotions. Non, ça n'est pas confortable d'être triste et en colère, pourtant, ces émotions sont très importantes dans notre quotidien, elles sont des messagers. Si le message est entendu et qu'il est respecté, alors, une partie de l'émotion est automatiquement évacuée.



Accepter émotions

Un enfant pleure parce qu'il s'est fait mal quelque part. Si vous venez le voir en lui disant que c'est faux, qu'il n'a pas mal, à votre avis, que risque-t-il de se passer ? Il va pleurer encore plus fort, bien évidemment ! En revanche, si vous venez auprès de lui, que vous reconnaissez sa douleur et sa légitimité à la ressentir, que vous êtes là avec lui en le soutenant le temps qu'il soit soigné, il y a fort à parier qu'il va déjà se calmer.


Quand on reconnaît ses émotions, qu'on leur donne une place, alors on se donne une place à nous-même et on s’offre la possibilité de se sentir légitime dans notre capacité à ressentir nos émotions. On se donne ainsi notre propre légitimité d'être.


« Ça m'embête d'être triste, j'aimerais ne pas l'être, mais je le suis, alors j'accueille cette tristesse et je prends soin de moi. »


Vous n'arrivez pas à être bienveillant.e avec vous-même car vos pensées autodévalorisantes viennent automatiquement ? C'est OK, voici un petit exercice pour arriver à enrayer ce phénomène :





→ Commencez par vous rendre compte de tous les moments où vous vous dévalorisez. Remarquez-les, sans tenter de les changer.


→ Lorsque vous arriverez à les remarquer facilement, après vous être fustigé, réfléchissez : quelle pourrait être la phrase positive, intelligente, bienveillante pour vous dans cette situation ? Qu'avez-vous pu apprendre de cette situation ?


Marie a oublié de vérifier une information avant de la transmettre à ses collègues. Cette information était erronée et ils ont tous eu peu de temps pour rectifier le tir avant de rendre leur dossier. Les premières pensées de Marie sont :

« Je suis bête, on ne peut pas me faire confiance, je suis incapable… »

Et puis Marie a commencé à se dire qu'elle n’avait en effet pas vérifié l'information transmise. Pour se rassurer, elle peut se dire que ses collègues non plus ne l’ont pas fait et puis qu'elle a été tête en l'air. Mais en plus, afin de tirer un maximum de bénéfices de cette histoire, Marie se dit que la prochaine fois, elle veillera à vérifier les informations qu'on lui transmet, que la prochaine fois, elle accordera peut-être moins d'importance aux paroles d'autrui et cherchera les informations par elle-même et tentera d’avoir plus confiance dans sa capacité à le faire.


→ Vous ne pourrez pas forcément empêcher vos pensées automatiques de se créer, mais si vous prenez l'habitude d'en formuler des positives à la suite, alors vous allez pouvoir progressivement enrayer la tendance.


  • La troisième étape, c'est de s’accorder le droit de se tromper.

Estime de soi

Cette volonté d'être parfait.e crée une peur de se tromper tellement forte qu'on en vient à redouter l'échec. On devient prisonnier.ère de nos peurs et dépendant.e du regard de l'autre, de sa validation. Mais ça, c'est une autre histoire.


L’idée est d’accepter de me tromper et de reconnaître mes erreurs : aujourd'hui était un jour « sans », cela ne remet pas pour autant en question ma valeur. Ce que je fais est différent de qui je suis.


Oui, nos actions reflètent qui nous sommes, mais ce n'est pas une action qui nous détermine.

Plus tôt on arrive à l’accepter, plus vite on se libère du poids des attentes supposées des autres. Très souvent, nous sommes un juge bien plus sévère que ne l'est autrui et surtout, on se donne l'opportunité d'apprendre, car chaque erreur est une occasion de s'améliorer.


Cette acceptation, elle aussi, nous invite à nous donner cette autorisation, celle d'être comme nous sommes, d'être imparfait.e. Même en étant imparfait.e, nous avons de la valeur et de l'importance.


Sans cela, vous risquez de vous fixer des objectifs toujours plus hauts, sans savourer vos victoires et surtout sans en être satisfait.e. Quoi que vous fassiez, ce ne sera jamais assez.


De plus, autour de cette question de se tromper, il y a celle du choix et de la prise de décision. Il arrive souvent de placer sa confiance davantage dans le jugement de l'autre plutôt que dans le nôtre.


Le risque est que si je cherche toujours l'aval, la validation de l'autre, voire que je place davantage de confiance dans le jugement de Géraldine plutôt que dans le mien, alors, le jour où je me tromperai parce que j'aurai écouté Géraldine, je serai bien plus déçu.e et amer.ère que si j’avais suivi mon idée.


Il est plus louable de se tromper pour ses convictions que parce qu’on a écouté quelqu'un.


Encore une fois, si on se fie à soi-même, la victoire multiplie les bénéfices (augmentation de l'estime de soi) et en cas « d'échec » ou de non-réussite, j'y gagne aussi car j'apprends et j'affine mon radar personnel, ce qui participe à augmenter mon estime de moi.


  • Une quatrième étape ESSENTIELLE pour gagner en estime, c'est de POSER SES LIMITES et de savoir dire NON.



Le non crée le nom, il crée notre individualité, notre singularité. Explications :


Une fois qu'on a pu reconnaître nos émotions, comprendre nos besoins, nos envies, alors il est question de les communiquer.


Ce sont les limites que vous allez définir qui vont inviter les autres à vous respecter.

Non l'inverse. Si vous vous retrouvez régulièrement dans des situations dans lesquelles l'on abuse de vous, l'on ne vous respecte pas, ce n'est pas que vous n'êtes pas digne de respect mais que vous laissez les autres vous manquer de respect.


La plus grande peur des personnes à faible estime d’elles-mêmes, c'est de risquer de perdre l'amour de l'autre en posant ses limites, qu'en posant des limites, l'autre ne les aime plus.


Laissez-moi vous raconter une histoire :



Dire non


Vous possédez une belle propriété, un château, vous voulez maintenir sa beauté, valoriser ce patrimoine et le faire connaître. Alors vous allez le protéger, mettre une barrière, un portail, avec un gardien qui gérera les entrées, à des horaires spécifiques, afin qu'il puisse être visité. Des jardiniers seront responsables de l'entretien du jardin, des agents de celui du château et de son bon fonctionnement. Vous chapeauterez et vous vous occuperez de la coordination de toutes les personnes qui y travaillent. Ces mêmes personnes respecteront les règles de fonctionnement, de bonne conduite que vous aurez définies au préalable. Votre château sera beau, bien entretenu, connu et admiré. Les gens viendront de loin pour le voir car ils auront vent de sa beauté et de son intérêt.

Si vous voulez maintenir sa beauté mais que vous ne faites rien de cela, que vous n’établissez pas de limites, que vous n’employez personne pour le surveiller, pour l'entretenir, ni pour faire respecter les règles de bonne conduite, que risque-t-il de se passer ? Un certain nombre de personnes auront eu vent de sa beauté, viendront le voir, ne feront pas attention aux jardins, aux déchets, à l'entretien, marcheront sur les plates-bandes, les fleurs. Chacun s'y promènera à sa guise et selon ses propres règles. Il y aura des personnes respectueuses, mais aussi des squatters, des gens qui viendront piquer les arbres, la vaisselle, etc. Finalement, ce beau château n'en sera plus un, mal fréquenté, mal entretenu, il perdra sa valeur. Il sera connu, mais par un autre type de population, un type de population qui saccage, qui abîme, qui ne respecte pas, car finalement, ce château deviendra son terrain de jeu. Les autres personnes, plus respectueuses, ne voudront pas venir car elles ne pourront voir la beauté d'antan de ce château détruit.


Pour nous, c'est la même chose, les limites que nous posons vont certes éloigner les personnes qui n’étaient là que dans leur propre intérêt, qui ne se soucient pas vraiment de notre bien-être.

Poser ses limites vient nous informer que la personne que nous sommes, ce que l'on ressent et pense, a suffisamment de valeur pour être respecté… et donc cela crée une augmentation de notre estime de nous-même. Alors, les personnes autour de nous sont en mesure de voir notre beauté intérieure, de voir notre château, mais pour cela, elles se doivent d'y faire attention.


Ainsi, poser ses limites, dire non, nous invite à prendre conscience de notre beauté intérieure, de notre singularité. Cela nous fait exister, nous donne une forme.


Sinon, nous ne sommes qu'un fantôme qui ère à la recherche de reconnaissance, sans jamais arriver à l'obtenir. En posant notre « non », nous ne sommes plus fantôme mais devenons chair, matière. Nous existons, nous avons un nom.





Comment faire quand on n'a pas l'habitude ? Lorsqu'on a peur ?


Commencer petit ! Commencer à poser ses limites pour des choses anodines. Le feed-back, le retour, que nous aurons en voyant que c'est possible et accepté par notre entourage renforcera notre confiance en notre capacité à le faire. Et le cercle vertueux sera en marche.


Il y a encore plein d'autres choses pour gagner de l'estime de soi, mais voici les principales, les plus importantes. En commençant par celles-ci, vous aurez déjà la possibilité d'avancer considérablement.


Bonus : Arrêtez de vous comparer, la comparaison tue ! Notre société est remplie d'images photoshopées, d'illusions qui nous font nous sentir inférieur.e. Ne vous comparez ni aux personnes d’Instagram, ni à votre voisin.e ou collègue, soyez seulement vous et fier.ère de l'être.


L'estime de soi, ça se construit, l'estime de soi, ça se façonne jour après jour. Ça n'est pas l'autre qui nous remplit, qui nous fait nous sentir légitime, c'est nous-même qui créons notre propre légitimité, notre propre reconnaissance. Ça prend du temps, c'est parfois insécurisant, parfois dur ; et puis, il y a de belles surprises, des découvertes, des trésors rencontrés sur ce chemin vers soi.


Cultiver estime


J'espère que cet article aura été éclairant et qu'il sèmera quelques graines.


Si vous sentez que vous avez besoin d'arpenter ce chemin, que vous souhaitez être accompagné par un.e thérapeute, je reçois dans mon cabinet de Montpellier ou en consultation en visioconférence.

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